ET S'ATTRIBUENT LES EPITHETES.

01/01/2014 00:00

Comme tout le monde vous encense,
j'ai pris le temps d'en arrêter
la folle course de mes errances,
pour vous lire, et vous écouter.

Tant de "hourra", tant de "bravo"
ne me laissèrent indifférent,
moi qui aime le verbe et le mot,
quelqu'en soient le style, et le temps.

Passant votre œuvre sous ma loupe,
j'espérais l'audace et le risque.
Mais, je grimace de cette soupe
que l'on me sert, pour de la bisque.

j' Extraordinaire ... je Fantastique ...
j' Exceptionnel ... je Formidable ...
j' Incroyable ... je Magnifique ...
je Merveilleux ... et j' Admirable ...
Et s'attribuent les épithètes
dans des avis si avisés ;
vous faisant le nouveau prophète
d'une peuplade illettrée.
Et s'attribuent les épithètes,
dans ces avis si avisés ;
qui applaudissent l'analphabète
et me vantent la médiocrité.

J'ai ressassé, à maintes reprises ;
j'ai cherché le brio, la verve ;
tous ces talents, toutes ces mainmises
que vos pères avaient en réserve.

Termes navrants, rimes douteuses,
rendent pénible ma lecture ;
et ma critique devient houleuse :
gros maux de tête, et de Culture.

Certains crient "Gainsbourg", "Baudelaire",
d'autres, encore, "Brassens" ou "Verlaine",
pour des écrits d'Ecole Primaire
qui ne sont que piètres rengaines.

Malgré la ferveur qui vous porte,
je n'envie guère votre podium ;
ne jalouse votre étrange escorte,
qui s'abrutit de ces opiums.

De vers si vides, je vous plains !
Et je colère contre ces gens
qui, pour l'appât de quelques gains,
transforment la tôle en argent.

Mais, je modère, las, mes propos ;
mes piques n'ont rien de personnel !
Je me fais juge, juré ; bourreau
quand fourche ma langue maternelle.